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- Les architectes et designers Lyndon Neri & Rossana Hu photographiés dans leur maison de Shanghai
- Des tasses à thé Nicely Made in China: le projet Zisha de Neri & Hu, designers basés à Shanghai.
- Un puzzle des animaux du zodiac interprété par Neri & Hu.
- La table de la collection Structure et le “donut” laqué de Lyndon Neri & Rossana Hu.
Nicely Made in China cherche parfois des idées en surfant sur le net. Tout récemment notre attention a été retenue par un magnifique service à thé. NMiC a cherché les designers –un couple- et ce faisant, a découvert leurs autres créations.
Cette semaine Nicely Made in China est donc heureux de présenter Lyndon Neri et Rossana Hu, architectes et designers. Lyndon est né aux Philippines et a étudié à Harvard. Rossana vient de Taiwan, elle est diplômée de Princeton. Ils travaillent aujourd’hui pour de prestigieux clients internationaux tels que “b.d” (Barcelona Design), Moooi, Meritalia et Swarovski et ils lèvent pour les lecteurs et les lectrices de NMiC un petit coin du voile sur le futur de la Chine en ce qui concerne le design et l’architecture.
Vous avez tous les deux vécu et étudié aux USA. Pourquoi êtes-vous revenus en Chine?
Lyndon Neri: J’ai travaillé à Shanghai comme directeur de la région Asie pour Michael Graves & Associates notemment sur des projets comme “3 on the Bund”. Au bout d’un an nous avons tous les deux senti que Shanghai était l’endroit idéal pour toutes sortes d’experimentations en matière d’architecture et de design, que tout changeait tellement vite, c’était –et ça reste- l’Histoire en mouvement! Aussi au lieu de critiquer la Chine nous nous sommes dits que nous pourrions faire quelque chose de positif comme de participer à la naissance d’un design contemporain en Chine.
Rossana Hu: Et comme nous appartenons à la diaspora chinoise c’était important pour nous de venir dans un endroit où la culture chinoise était dominante. Shanghai s’est imposée en tant que ville où nous pourrions créer notre marque.
Lors d’une interview donnée en 2006 vous disiez qu’en Chine “il n’est pas facile de convaincre les gens de l’utilité de la qualité”. En 2011 les choses ont-elles changé? D’autre part avez-vous trouvé parmi les jeunes chinois récemment diplômés les qualités que vous recherchiez?
RH: Nous avons vu une réelle progression ce qui concerne la recherche de qualité. Et c’est aussi ce que les clients veulent: une esthétique qui va à l’essentiel plutôt que la frime. Tout ça a changé très rapidement.
En ce qui concerne l’expertise de nos collaborateurs c’est vrai qu’au début nous ne trouvions pas ce que nous voulions. Mais c’était aussi parce que nous sommes très conceptuels. Depuis 5 ou 6 de nos employés se sont développés professionellement sous notre houlette et ont ouvert leur propre studio, ce dont nous sommes très fiers.
The Design Republic sur le Bund est une autre facette de vos activités. Quel genre de personnes espèrez-vous toucher avec cette boutique?
LN: The Design Republic est une plate-forme qui présente des objets crées par les plus grands designers étrangers ainsi que nos propres créations. Notre intention en ouvrant cet endroit n’était pas de seulement vendre ces produits à ceux qui peuvent se les offrir mais aussi d’éduquer le public. Les écoles amènent leurs élèves pour visiter la boutique et bien qu’ils n’achètent rien, j’espère qu’ils sortiront inspirés par ce qu’ils auront vus.
Parlez nous maintenant un peu des matériaux que vous employez pour vos créations.
RH: En général nous aimons utiliser des matières naturelles comme l’argile et le bois. Notre service à thé par exemple, est fait en glaise de Yixing typique de cette ville du Jiangsu. Tous nos services à thé sont faits main dans cette région. Nous aimons aussi utiliser le bambou pour tisser comme pour la lampe Emperor que nous avons dessinée pour Mooi. Le cloisonné nous intéresse également et nous cherchons une manière plus moderne et contemporaine de l’utiliser. Enfin nous cherchons en ce moment un laqueur avec qui nous pourrions travailler, la laque est une autre technique traditionnelle qui nous intéresse.
LN: Ce que nous espèrons c’est que les gens tomberont amoureux de nos produits après les avoir pris en main et senti la matière dont ils sont faits.
A votre avis comment les designers chinois peuvent-ils se positionner sur le marché mondial?
LN: Les designers chinois ne doivent pas être trop confiants. Le monde a aujourd’hui les yeux tournés vers la Chine mais cette mode passera et nous serons bientôt jugés sur ce que nous sommes vraiment et ce que nous faisons. C’est pour ça que je pense que des architectes comme Herzog & De Meuron et Rem Koolhaas sont bons pour la Chine. Ils nous empêchent de trop rester tournés vers nous mêmes. Nous devons être aussi bons que n’importe quel autre pays – Japon, France etc…- tout en restant humbles.
A votre avis qu’apporteront -ou que pourraient apporter – les designers chinois à la modernité en général que les designers occidentaux n’apportent pas?
RH: Le fait que la tradition de design soit moins forte ici donne aux designers chinois une plus liberté d’inventer et un esprit plus experimental.
Il y a toujours de la part du monde occidental que tout ce qui vient de Chine doit être bon marché. Qu’avez-vous à répondre à cela?
LN: Cela aussi change même si ça ne change pas très vite. En tant qu’architectes nous sommes fréquemment en compétition avec des plus grands cabinets d’architectures internationaux et nous sommes parfois, selon les projets, plus chers qu’eux. Mais nous sommes fiers de notre travail et demandons un prix à la hauteur de ce travail.
RH: De plus les gens doivent comprendre qu’aujourd’hui le coût de la vie à Shanghai est désormais plus élévé que dans beaucoup de villes américaines.
Site web: www.neriandhu.com
Boutique: The Design Republic, 5 on the Bund, Shanghai.